Un nouveau rebond pour Quartier Libre !

 

Cela fait déjà vingt ans ! Eh oui, cela fait deux décennies que nous animons le programme Quartier Libre (QL) dans les quartiers des grandes villes francophones d’Europe. Nous avons commencé le premier spectacle de rue en 1999 dans les quartiers d’Yverdon-les-Bains. A partir de là, les t-shirts jaunes ont progressé sur des « territoires » qui semblaient jusque-là hors d’atteinte : les banlieues des grandes villes. En 2005, lors des émeutes dans les quartiers sensibles de France, et toujours plus depuis lors, nous avons pu mesurer combien nous faisions partie du paysage social de ces quartiers. A part quelques incidents, les émeutiers ont considéré nos équipiers comme des habitués du quartier. QL leur était devenu familier. D’ailleurs, nous étions déjà dans ces quartiers bien avant que la plupart de nos jeunes spectateurs d’aujourd’hui ne soient nés !

Pour la Romandie et la France, nous avons deux associations (MC4), dont les membres s’engagent sans compter. C’est un privilège de travailler avec de telles équipes, qui connaissent bien leur nation et les églises avec lesquelles elles sont en partenariat.

Dans ces vingt dernières années, les différents sites Quartier Libre ont fleuri en Suisse, en France (voir les cartes sur le site des FJ Suisse et France; il faut scroller un peu !) et bien au-delà, si vous prenez en compte les territoires/départements/régions d’outre-mer que sont la Nouvelle-Calédonie, Mayottes ou la Guyane française.

Des groupes QL ont démarré également au Vénézuela et au Paraguay. Mais aussi en Afrique francophone, et même au Nigeria ! Cette nation anglophone est la dernière à avoir accueilli le programme Quartier Libre. Pour les autres QL africains (présents dans onze nations), ils sont accompagnés dans leur développement par une équipe d’Africains très expérimentés. La plupart d’entre eux a plus de dix ans de pratique au compteur ! C’est donc une équipe solide, soudée et efficace qui soutient activement la croissance du ministère sur ce continent.

Le sentiment qui domine aujourd’hui est l’émerveillement. Ce que Dieu fait est toujours surprenant et nous dépasse, et de loin ! D’ailleurs, le sentiment d’être dépassés nous assaille aussi régulièrement. Les besoins de suivi, d’écoute, de conseil, de finances et de matériel sont quelque fois écrasants… Mais au milieu de tout cela – en dépit de nos faiblesses et incapacités – Dieu fait une œuvre merveilleusement vivace !

Pour reprendre le titre de cet article, en quoi le programme Quartier Libre amorce-t-il un nouveau rebond ?

La portée du programme QL s’est étendue au loin dans ces vingt dernières années. Nous en sommes très réjouis. Par contre, nous nous sommes posés la question : le programme a-t-il aussi gagné en profondeur ? A-t-il permis aux enfants de grandir dans la foi ? La réponse est mitigée. Pour une part, oui. A chaque fois que nous annonçons l’Evangile, les graines de la Parole de Dieu son semées et portent incontestablement des fruits. Mais forme-t-on des disciples ? Est-ce que l’Evangile travaille en profondeur dans la vie des enfants et de leur famille ? Là, nous sommes obligés de répondre par un oui plus timide. Pourquoi ?

Partout où les églises locales ont porté le programme QL, elles ont gagné en proximité avec les habitants de tout un quartier. Elles se sont fait connaître et ont témoigné de façon efficace. Par contre, la distance entre nos églises de classe-moyenne (pour la plupart) et les quartiers populaires s’est révélée souvent infranchissable ! Les enfants, les adolescents et leurs familles n’ont pas eu l’occasion de se lier avec une communauté de chrétiens, et de grandir au sein d’une famille spirituelle.

C’est pour cette raison que depuis quelques années, plusieurs équipes (Yverdon, Chaux-de-Fonds, Corgémont, etc.). se sont lancées dans l’implantation d’église. Ces implantations ont été vécues en collaboration avec différentes fédérations d’églises. Leurs défis ont été nombreux, mais les progrès sont particulièrement instructifs.

Dans cette même idée de gagner en proximité entre l’église et le quartier, un projet d’un autre type se développe dans une église à Yverdon. L’idée est d’animer régulièrement un spectacle QL avec les enfants et les adolescents de cette église dans le quartier où elle a ses locaux, le dimanche en fin de matinée. Ce projet présente deux avantages majeurs.

Le premier est qu’il crée une dynamique de formation entre les âges : les moniteurs réfléchissent au thème avec les adolescents et ces derniers le transmettent ensuite aux enfants de l’école du dimanche, qui à leur tour, vont contribuer à le communiquer aux enfants du quartier. Cette transmission est l’un des moteurs du discipulat.

Le second est que les enfants du quartier, ainsi que leur famille, sont proches géographiquement du lieu de culte. Pour ce qui est de la proximité « sociale » entre l’église et les familles du quartier, elle reste à construire, mais elle est facilitée lorsque les contacts se créent entre enfants. Au travers de ces contacts, les enfants du quartier seront invités à se joindre à l’école du dimanche, laquelle doit repenser son programme en conséquence ! Ce qu’elle fait déjà, par ailleurs, et les idées qui germent de cette réflexion sont prometteuses !

Ces deux nouvelles perspectives (l’implantation d’églises et une dynamique missionnelle dans l’école du dimanche) permettent à Quartier Libre de rebondir et d’aller plus loin encore dans sa mission de faire des disciples de Jésus parmi les enfants.

Didier Crelier
didier.crelier@fabricantsdejoie.ch

 

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